Anxiété, phobie et turbulences

Gérer sa peur en avion

Vous n’êtes pas le seul à appréhender l’avion. Peur des turbulences, impression de perdre le contrôle, sensations physiques désagréables ou souvenirs d’une mauvaise expérience: cette fiche rassemble des repères pour mieux comprendre votre peur, la préparer avant le départ et utiliser des techniques simples pendant le vol afin de voyager un peu plus sereinement.

Comprendre sa peur Turbulences Respiration Accompagnement

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Objectif réaliste: avoir moins peur, pas ne plus rien ressentir

Se fixer comme but de « ne plus rien ressentir » est souvent irréaliste et source de déception. Viser plutôt un vol où la peur reste présente mais gérable, où vous gardez assez de contrôle pour suivre votre programme de voyage, est un objectif plus réaliste pour de nombreux passagers anxieux.

Passagère nerveuse regardant par le hublot d’un avion au décollage
La peur en avion est fréquente, même chez des passagers qui volent régulièrement. Comprendre ce qui se passe et disposer d’outils simples aide à la rendre plus supportable.
1. Comprendre la peur de l’avion

Une réaction normale, parfois amplifiée

La peur de l’avion (ou aérophobie) mélange souvent plusieurs éléments: manque de contrôle, impression d’enfermement, peur du vide, intolérance aux sensations physiques (bruits, secousses) ou inquiétude déclenchée par les informations sur les accidents. Il ne s’agit pas d’un simple « caprice » mais d’une réaction de protection du cerveau à un environnement perçu comme menaçant.

Ce que ressent le corps

Palpitations, souffle court, mains moites, boule au ventre: ce sont des manifestations classiques de l’anxiété. Elles résultent de la mise en alerte du système nerveux, qui prépare le corps à réagir à un danger… alors même que la situation n’est pas réellement dangereuse du point de vue de la sécurité aérienne.

Les pensées qui alimentent l’angoisse

« L’avion n’est pas normal », « si ça bouge, c’est qu’on est en danger », « je vais perdre le contrôle »: ces pensées arrivent souvent très vite. Elles renforcent les sensations physiques, qui renforcent à leur tour les pensées anxieuses. Rompre ce cercle consiste à agir à la fois sur ce que vous faites (respiration, postures, distractions) et sur la manière d’interpréter ce que vous ressentez.

Un objectif simple

Plutôt que d’attendre de « ne plus avoir peur », visez un vol où vous savez quoi faire quand l’angoisse monte, où vous avez des repères pour relativiser les sensations et où vous arrivez à destination malgré l’inconfort.

2. Avant le vol

Préparer son mental et le voyage

Une partie du travail se fait plusieurs jours avant le départ. Bien s’informer, choisir certaines options pratiques et prévoir des outils pour le jour J peut déjà réduire le niveau d’anxiété de base.

Choisir siège et conditions de voyage

Beaucoup de passagers anxieux se sentent mieux côté couloir, avec la possibilité de se lever facilement. D’autres préfèrent le hublot, pour voir l’extérieur et se sentir moins « enfermés ». Lorsque c’est possible, évitez les vols où vous arrivez déjà très fatigué (enchaînement de travail intense, nuit blanche juste avant) car la fatigue accentue souvent l’angoisse.

S’informer sans se sur-exposer

Comprendre les grandes lignes du fonctionnement d’un avion, le rôle du pilote et la nature des turbulences peut rassurer. L’idée n’est pas de regarder en boucle des vidéos anxiogènes, mais de consulter des sources pédagogiques et stables, plutôt que des témoignages extrêmes. Au-delà d’un certain point, multiplier les recherches peut au contraire augmenter l’angoisse.

Préparer une « boîte à outils anti-peur »

Avant le départ, préparez quelques outils que vous utiliserez pendant le vol: exercices de respiration que vous connaissez, playlist ou podcasts calmants, textes ou images qui vous rassurent, carnet pour écrire ce que vous ressentez. L’idée est de ne pas monter à bord « les mains vides », sans solution alternative au simple fait de subir.

Avant le vol: trois décisions utiles

  • Choisir un vol et un siège compatibles avec votre façon de gérer la peur (couloir, hublot, horaires).
  • Vous informer via des sources factuelles plutôt que des récits alarmistes.
  • Préparer quelques outils simples: respiration, musique, distraction, carnet.
3. Jour du départ

À l’aéroport et à l’embarquement

Pour de nombreuses personnes, l’angoisse monte dès l’arrivée à l’aéroport. Transformer ce moment en phase de préparation plutôt qu’en période d’attente passive permet de garder un minimum de contrôle sur la situation.

Arriver avec un peu de marge, sans excès

Arriver au dernier moment augmente le stress, mais arriver trop tôt laisse trop de temps pour ruminer. Trouver un compromis (en suivant les recommandations de la compagnie) permet de passer les contrôles sans précipitation et de garder un moment pour se poser, marcher ou pratiquer des exercices de respiration.

Informer éventuellement l’équipage

Si votre peur est marquée, vous pouvez signaler calmement à un membre d’équipage que vous êtes un passager anxieux. Certains se montreront plus attentifs, vous expliqueront certains bruits ou phases du vol, ce qui peut être rassurant. Il n’est pas obligatoire de le faire, mais c’est une possibilité.

Commencer à utiliser vos outils

La peur ne commence pas au moment du décollage. Utiliser vos techniques de respiration, marcher un peu dans le terminal, écouter une musique qui vous détend ou discuter avec un proche par message avant l’embarquement fait partie de la préparation. Plus vous prenez l’habitude d’agir quand l’angoisse monte, moins vous vous sentez impuissant.

4. Pendant le vol

Gérer les pics d’angoisse dans la cabine

Une fois assis, l’impression de ne plus pouvoir faire marche arrière peut faire monter l’angoisse. Avoir un plan simple à suivre lorsque la peur augmente aide à ne pas se sentir submergé.

Un mini-protocole en 4 étapes

Quand vous sentez l’angoisse monter, vous pouvez vous donner une petite marche à suivre:

  • Respiration: inspirer par le nez en 4 temps, expirer doucement par la bouche en 6 temps, pendant une à deux minutes.
  • Ancrage: poser les pieds bien à plat, sentir le contact du siège, décrire mentalement trois choses que vous voyez, deux que vous entendez, une que vous touchez.
  • Réassurance rationnelle: vous rappeler que votre corps réagit à une alerte exagérée, pas à un danger immédiat.
  • Distraction choisie: lancer un film, un podcast ou une musique prévue à l’avance.

Accepter les sensations physiques sans les dramatiser

Essayer de « bloquer » totalement les sensations (cœur qui bat, chaleur, sueurs) est souvent contre-productif. Les remarquer, les nommer (« mon cœur bat plus vite, c’est désagréable mais ce n’est pas dangereux ») et revenir à la respiration permet parfois de réduire l’intensité de la crise ou de la laisser passer plus vite.

Demander de l’aide si nécessaire

En cas de crise de panique importante, vous pouvez appeler un membre d’équipage. Leur rôle n’est pas d’assurer un suivi psychologique, mais ils peuvent vous rassurer sur ce qui se passe, vous servir un verre d’eau, vous aider à vous recentrer. Le fait de ne pas rester seul avec l’angoisse peut déjà être un soutien.

Quand l’angoisse monte

Plutôt que de vérifier en permanence chaque bruit ou mouvement, concentrez-vous sur ce que vous pouvez contrôler immédiatement: votre respiration, votre posture, ce que vous regardez ou écoutez. L’avion continue à voler, même pendant que vous traversez ce moment difficile.

5. Mieux comprendre turbulences et bruits

Différencier inconfort et danger réel

Les turbulences et les bruits de l’avion sont souvent interprétés comme des signaux de danger. En réalité, ils font partie du fonctionnement normal d’un vol et sont anticipés par les équipages.

Les turbulences: désagréables mais prévues

Les turbulences correspondent à des variations dans les masses d’air. Elles peuvent donner l’impression que l’avion « tombe » légèrement ou vibre, mais les appareils sont conçus pour y résister, et les pilotes reçoivent des informations pour adapter l’altitude ou la trajectoire. Les consignes de ceinture sont justement là pour éviter que les passagers ne se blessent lors de ces mouvements.

Bruits et changements de régime

Modification du bruit des moteurs, sortie ou rentrée du train d’atterrissage, ajustement des volets ou changement de puissance sont des opérations normales, en particulier au décollage, en montée et à l’approche. Les équipages sont habitués à ces phases et suivent des procédures très encadrées.

Réinterpréter les signaux

Plutôt que « si ça bouge, c’est qu’on est en danger », vous pouvez choisir un autre message interne: « si ça bouge, c’est que l’avion traverse une zone d’air différente, pour laquelle il est conçu ». Cela ne supprime pas l’inconfort, mais réduit parfois la montée d’angoisse.

6. Quand se faire aider

Stages, thérapies et avis médical

Pour certaines personnes, la peur de l’avion reste gérable avec quelques ajustements. Pour d’autres, elle empêche totalement de voyager ou provoque des crises très difficiles. Dans ce cas, il est légitime de demander de l’aide.

Stages dédiés à la peur de l’avion

Certaines compagnies aériennes et organismes spécialisés proposent des programmes pour personnes ayant peur de l’avion. Ils combinent généralement explications techniques, échanges avec des pilotes et accompagnement psychologique. Ils peuvent être une première étape pour des personnes très réticentes à voler.

Accompagnement psychologique

Des approches comme les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) ou d’autres formes d’accompagnement peuvent aider à travailler sur les pensées anxieuses, les scénarios catastrophes et les réactions physiques. Un professionnel pourra proposer un plan adapté à votre situation, surtout si d’autres phobies ou troubles anxieux sont présents.

Échanger avec un médecin

Certains voyageurs se voient proposer des traitements pour gérer les pics d’angoisse. Leur indication, leur dosage et leurs limites doivent être discutés avec un médecin, en tenant compte de votre état de santé général, de la durée du vol et des éventuelles contre-indications. Cette fiche ne remplace pas un avis médical personnalisé.

7. Checklist spéciale « peur de l’avion »

Une liste simple à adapter à votre profil

Cette checklist ne supprime pas la peur, mais elle rassemble les actions concrètes que vous pouvez mettre en place pour qu’elle prenne moins de place pendant le voyage.

Checklist express pour gérer sa peur en avion

  • Vol choisi en tenant compte de vos contraintes (horaires, correspondances, durée totale).
  • Siège réservé selon votre préférence (couloir pour bouger, hublot pour vous « isoler »).
  • Information de base sur le fonctionnement de l’avion et les turbulences, via des sources fiables.
  • « Boîte à outils » préparée: exercices de respiration, musique, podcasts, livre, carnet.
  • Plan simple en cas de montée d’angoisse (respiration, ancrage, réassurance, distraction).
  • Si la peur est très forte: réflexion sur un accompagnement spécialisé (stage, thérapie, avis médical).
Questions fréquentes

FAQ: peur de l’avion et anxiété en vol

Est ce que ma peur de l’avion signifie que l’avion est dangereux ?

Non. La peur de l’avion est une réaction émotionnelle, pas une mesure de la sécurité réelle du vol. Elle est influencée par votre histoire personnelle, votre sensibilité à l’anxiété et la façon dont vous interprétez les sensations et les informations, plus que par le niveau de risque réel, déjà pris en compte par les compagnies et les autorités.

Dois je avoir honte de signaler ma peur à l’équipage ?

Non. De nombreux passagers ont peur de l’avion et les équipages y sont habitués. Vous n’avez aucune obligation d’en parler, mais si vous le faites, ils peuvent parfois adapter leur manière de communiquer et vous donner quelques repères rassurants pendant le vol.

L’alcool aide t il à moins avoir peur ?

L’alcool peut donner une impression de détente sur le moment, mais il favorise la déshydratation, peut perturber le sommeil et accentuer les sensations physiques désagréables. Il ne constitue pas une solution durable pour gérer une peur de l’avion importante. Des approches structurées (respiration, accompagnement) sont préférables.

Puis je prendre un médicament pour ne plus avoir peur ?

Certaines personnes se voient proposer des traitements pour gérer des crises d’angoisse, mais ce sont des décisions médicales individuelles. Parler de votre peur avec un médecin permet d’évaluer votre situation, vos antécédents et les éventuelles options. Cette fiche n’a pas vocation à recommander un médicament en particulier.

Les enfants « attrapent ils » la peur de l’avion de leurs parents ?

Les enfants observent beaucoup la réaction des adultes. Montrer sa peur n’est pas un problème en soi, mais expliquer ce que vous ressentez avec des mots simples, rappeler que l’avion reste un moyen de transport très encadré et garder quelques repères de calme peut limiter la transmission d’une phobie marquée aux plus jeunes.

Méthodologie et limites

Comment cette fiche a été rédigée

Cette fiche synthétise des repères généraux sur la peur de l’avion pour aider les voyageurs à mieux comprendre ce qu’ils ressentent et à mettre en place des stratégies concrètes avant et pendant le vol. Elle met l’accent sur les techniques de base accessibles au plus grand nombre: préparation, respiration, ancrage et choix pratiques pour le voyage.

Les situations individuelles pouvant être très différentes (troubles anxieux, phobies anciennes, contexte médical particulier), ces informations restent générales. Elles ne remplacent pas les conseils personnalisés d’un professionnel de santé, d’un psychologue ou d’un programme spécialisé dans la gestion de la peur de l’avion.

Page relue et mise à jour le 23 juillet 2025 par la rédaction d’Aeroports.org.